La dernière partie aborde le problème du racisme. Aujourd’hui, en s’appuyant sur les données des sciences. Du vivant, des sciences sociales et en donnant la parole à des spécialistes.

La scénographie est composée de quatre espaces successifs : un laboratoire de génétique, une « data room », un salon d’appartement et une terrasse de café, chacun offrant une approche différente :

  • Que nous dit la science aujourd’hui, et particulièrement la génétique, sur la diversité de l’espèce humaine ?
  • Quelle est la situation en France aujourd’hui ? De quelles données dispose-t-on pour appréhender quantitativement et qualitativement les comportements racistes et les discriminations ? Que disent nos lois ?
  • Comment décrypter les propos relatifs aux minorités diffusés par les médias ?
  • Quel modèle pour vivre ensemble dans le respect de l’égalité des droits ?

QUE NOUS DIT LA GÉNÉTIQUE À PROPOS DES « RACES » ?

Le visiteur pénètre dans un espace évoquant un laboratoire

Des lamelles suspendues au plafond, composées de bandes de tissu de couleur, reproduisent notre séquence ADN. Au-delà de ce rideau, trois écrans proposent de courts films d’animation faisant le point sur les données scientifiques actuelles.

  • La génétique permet-elle de classer les humains ?
  • Une grande famille de mutants !
  • Ce que l’ADN dit de nous...

La notion de « race » n’est pas valide scientifiquement

Nous appartenons tous à la même espèce Homo sapiens, biologiquement homogène car, en 200 000 ans, elle n’a pas eu le temps de produire des différences majeures entre groupes d’individus. Deux individus sont à 99,9 % identiques par leur génome. Entre deux Européens d’un même village, il y a quasiment autant de différences génétiques qu’entre un Européen et un Africain, ou un Africain et un Asiatique.

Mais nous sommes visiblement bien différents les uns des autres. Ces différences sont le résultat de notre histoire passée, des migrations de nos ancêtres, de notre environnement, de notre culture et du mélange génétique entre nos deux parents. Quant aux différences de couleur de peau, elles relèvent de variations génétiques qui ne concernent qu’une part infime de notre génome ; elles sont le fruit de l’adaptation de nos ancêtres à des conditions climatiques.

Nous et les autres - Où en est-on avec le racisme en France ?
Nous et les autres - Où en est-on avec le racisme en France ?, by © MNHN - JC Domenech

QUEL EST L’ÉTAT DES LIEUX DU RACISME ET DES DISCRIMINATIONS DANS LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE AUJOURD’HUI ?

Prendre connaissance des faits et des lois

Dans une « data room » – salle où des hublots ouvrent symboliquement sur le parvis des Droits de l’Homme – les visiteurs sont invités à prendre connaissance de données statistiques issues d’enquêtes récentes et de récits de vie.

L’accès à ces informations est facilité par une présentation attractive : les données quantitatives sont visualisables sur les murs. Les témoignages extraits du documentaire La Ligne de couleur (voir encadré page 18) sont accessibles via six écrans de consultation.

La société française dans sa complexité

En s’appuyant sur les enquêtes en sciences sociales, l’exposition dresse un état des lieux des comportements racistes dans la société française. Les données issues de trois sources (voir partie “Quelles sont les sources ?”) ont été sélectionnées selon une triple approche : Intégration ou communautarisme ? / Vous avez dit discriminations ? / Où en est-on avec le racisme en France aujourd’hui ?

Nous et les autres - Décryptages
Nous et les autres - Décryptages, by © MNHN - JC Domenech
« Les recherches scientifiques récentes confirment que les populations humaines présentent trop peu de différences génétiques entre elles pour justifier la notion de « race ». Cette notion reste pertinente pour d’autres espèces, telles que les chiens et les chevaux, qui sont issus d’une sélection par l’Homme ».

Évelyne Heyer, commissaire scientifique de l’exposition

QUELLES SONT LES SOURCES ?

Le rapport annuel de la CNCDH - Commission nationale consultative des droits de l’Homme

Créée en 1947, la CNCDH remet chaque année le 21 mars*, journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, un rapport sur l’état des lieux du racisme en France.

TeO, Trajectoires et Origines – Enquête sur la diversité des populations en France sous la direction de Cris Beauchemin, Christelle Hamel et Patrick Simon

L’INED (Institut national d’études démographiques) et l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques) se sont associés pour réaliser, auprès de 22 000 personnes, une enquête sur l’expérience du racisme vécu et sur les préjudices subis du fait de son origine, de sa religion, de son patronyme ou de la couleur de sa peau (enquête réalisée entre septembre 2008 et février 2009, publiée en 2015).

Les discriminations en raison de l’origine dans les embauches en France

Enquêtes dites de testing réalisées selon la méthode du BIT (Bureau International du Travail) et publiées en 2006 et 2015. La méthode du testing : il s’agit de répondre à des offres d’emploi en proposant deux candidats équivalents au niveau des compétences et ne variant qu’en raison de l’origine évoquée par les noms et prénoms.

*La journée du 21 mars a été instaurée par l’ONU (Organisation des Nations Unies) en octobre 1966 pour commémorer le jour où, en 1960 en Afrique du Sud, à Sharpeville, la police a ouvert le feu sur les manifestants pacifiques et tué 69 personnes.

VIVRE SA DIFFÉRENCE

Réalisé par Laurence Petit-Jouvet, le documentaire « La Ligne de couleur », sorti le 17 juin 2015, réunit onze témoignages singuliers de citoyens français.

Ils s’appellent Fatouma, Rui, Jean-Michel, Yaya, Patrice, Mehdi, Yumi, Alice, Sanaa, Jérémie, Malika : ils racontent, sous forme de lettres filmées, leur expérience intime et sociale, celle de vivre avec des différences qui les distinguent, d’être regardés comme des non-Blancs.

Produit par Avril en coproduction avec Arcadi Île-de-France

QUEL MODÈLE POUR VIVRE ENSEMBLE ?

Place au débat

Sur fond de décor urbain, des tables et des chaises de bistrot invitent au débat. Une fenêtre s’ouvre sur une projection ; quatre spécialistes des problématiques raciales ont été filmés et présentent leurs points de vue.
Leur analyse permet de mieux comprendre les enjeux actuels de société selon deux thématiques :

Y a-t-il des différences sensibles entre les politiques dites multiculturalistes et celles dites universalistes ? Quelles conclusions tirer des expériences de discrimination positive ?

Dominique Schnapper, sociologue et politologue, directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales. Auteur de La Relation à l’Autre, 1998, éd. Gallimard.
Daniel Sabbagh, politologue, directeur de recherche au CERI de Sciences Po. Auteur de L’Égalité par le droit : les paradoxes de la discrimination positive aux États-Unis, 2003, éd. Economica.

Y a-t-il une ethnicisation du débat public dans la société française, au détriment des questions sociales ?

Jean-Loup Amselle, anthropologue, directeur d’études émérite à l’EHESS. Auteur de L’Ethnicisation de la France, 2011, éd. Lignes, et de Vers un multiculturalisme français - l’empire de la coutume, 1996, Aubier.
Patrick Simon, sociodémographe, directeur de recherche à l’INED. Co-auteur de l’enquête TeO - Trajectoires et Origines.

ÉPILOGUE

Un grand mot en 3D, ÉGALITÉ, marque la fin du parcours. Le visiteur le traverse pour se mettre en mouvement et emboîter virtuellement le pas de marches citoyennes. Une installation audiovisuelle, réunissant les images de différentes marches pour l’égalité dans la diversité, témoigne de la permanence de l’action collective dans la lutte contre le racisme. Confronté individuellement à ses propres représentations au début du parcours, le visiteur quitte l’exposition dans un élan collectif. Un tableau magnétique permet à chacun de proposer des solutions pour mieux vivre ensemble.