La première partie invite le visiteur à comprendre comment s’élaborent identité et altérité et à prendre la mesure des processus de catégorisation, de hiérarchisation et d’essentialisation à l’œuvre dans la fabrique du racisme « ordinaire ». La scénographie immersive est articulée autour de deux espaces : le cylindre des catégories et la zone d’attente d’un aéroport avec ses portiques. Ces dispositifs expérimentaux permettent de mettre en évidence les différentes étapes qui conduisent au racisme.

CATÉGORISER L’AUTRE OU COMMENT APPRÉHENDER LA DIVERSITÉ DES INDIVIDUS

Un dispositif immersif : le cylindre des catégories

Au cœur d’un espace cylindrique sur les murs duquel sont projetées, à l’échelle 1, les images de vingt personnes, le visiteur plonge dans une diversité de visages, de silhouettes de femmes et d’hommes qu’il rencontre au quotidien dans la rue, dans les transports… Ces vingt personnages sont successivement catégorisés en fonction de trois critères de différenciation : physique (sexe, couleur de peau) – social (revenus, style vestimentaire) – religieux (croyance, pratique). L’objectif est de montrer que, pour ordonner le monde aux multiples visages dans lequel nous évoluons, nous avons tendance à classer les êtres humains dans des catégories.

Catégoriser, un processus cognitif universel

La catégorisation consiste à réunir dans des catégories des éléments que l’on considère de même nature. Ce mécanisme n’induit pas nécessairement de hiérarchie entre les catégories mais peut nous faire glisser vers une image toute faite et figée d’un individu, alors réduit à un stéréotype. Qu’il soit négatif ou positif, le stéréotype restreint les différentes facettes d’une personne à quelques traits de caractère partagés par tous ceux qui, comme lui, se voient arbitrairement rangés sous telle ou telle « étiquette ». Si catégoriser est un processus universel de notre fonctionnement cognitif, les catégories utilisées ne sont ni naturelles ni universelles. Chaque société construit les siennes et, selon le contexte socio-politique, valorise des critères de regroupement qui peuvent être religieux, culturels, sociaux ou liés à l’origine géographique.

Nous et les autres - De la catégorisation à l'essentialisation
Nous et les autres - De la catégorisation à l'essentialisation, by © MNHN - JC Domenech

DE LA CATÉGORISATION À L’ESSENTIALISATION

Comment se définit-on ? Comment les autres nous voient ?

Au sortir du cylindre, le visiteur accède à un espace impersonnel, une salle d’attente d’aéroport dont il ne pourra sortir qu’en passant sous des portiques. Dans ce lieu anonyme où l’on se croise sans se connaître, des banquettes accueillent le public pour lui proposer, sur tablettes, des jeux multimédia adaptés de tests courants en psychologie sociale. Ainsi le visiteur prend conscience des mécanismes par lesquels chacun se définit au niveau individuel et collectif. Nous nous identifions souvent à notre groupe d’appartenance – que nous favorisons – et nous cherchons à nous différencier des autres.

Cet « ethnocentrisme » s’accompagne d’une propension à voir l’autre groupe comme un « tout », occultant la diversité des êtres qui le composent. Stéréotypes et préjugés prospèrent sur ce terreau. Ils peuvent conduire à traiter de manière hiérarchique et inégalitaire les individus ou groupes désignés comme différents de soi. Pourtant, qu’elles soient individuelles, sociales ou culturelles, nos identités ne sont ni figées ni immuables : elles sont multiples, se réinventent et évoluent en permanence.

À chacun de faire sa propre expérience et de choisir parmi les jeux et tests proposés

Trois séquences thématiques invitent le visiteur à découvrir de manière ludique et avec une touche d’humour :

  • Les identités plurielles mettant en évidence les différences entre l’identité assignée (la manière dont les autres nous voient) et l’identité choisie (la façon dont on se définit soi-même)
  • Les ressorts des préjugés à travers des tests montrant comment l’on intériorise le regard des autres (test de la « prophétie autoréalisatrice ») – comment l’on valorise son groupe à partir d’un critère minimal (test du « paradigme du groupe minimal »)
  • Des stéréotypes culturels. Quatre destinations ont été choisies : le Japon, les États-Unis, les Émirats et la Bretagne. À chacune sont associés des clichés soulignant le caractère réducteur des idées reçues sur les modes de vie des autres et des contre-images.

Les portiques matérialisent le processus d’essentialisation

Pour poursuivre le parcours de l’exposition le visiteur est obligé de franchir le portique de son choix. Son passage déclenche une ou plusieurs phrases faisant ressentir l’effet produit par l’essentialisation, c’est-à-dire le fait de voir sa personnalité réduite à une seule composante, d’être enfermé dans une catégorie étanche.
 
Ainsi, l’essentialisation érige entre les êtres humains des barrières invisibles.
 
Au cours de l’histoire, des individus ont été classés dans des catégories en fonction de leurs traits physiques.
 
À chaque catégorie ont été associés des caractères moraux, psychologiques ou comportementaux censés se transmettre de génération en génération. Aujourd’hui, l’essentialisation perdure sous une forme culturelle, fondée sur des critères comme la religion ou l’origine géographique. La culture est perçue comme fixe et monolithique, alors que les identités culturelles sont dynamiques et changeantes…

Nous et les autres - De la catégorisation à l'essentialisation
Nous et les autres - De la catégorisation à l'essentialisation, by © MNHN - JC Domenech

LES 10 MOTS POUR COMPRENDRE

ALTÉRITÉ
ASSIGNATION IDENTITAIRE
CATÉGORISATION
DISCRIMINATION
ESSENTIALISATION
ETHNOCENTRISME
PRÉJUGÉ
RACISME
STÉRÉOTYPE
XÉNOPHOBIE

Les définitions des termes essentiels pour comprendre le propos de l’exposition sont visibles dans la salle de l’aéroport et imprimées sur des feuilles papier (format A4) à disposition des visiteurs.

Retrouvez ces définitions dans le dossier dédié